Politique
La léthargie des escalopes
Face à la toile immense, je hurle avec les loups.
Je peste et m'interroge, accablée, impuissante.
Car les cris étouffés par de vaines promesses
Se sont tus à jamais, pétrifiés, inutiles.
Abrupte ou bien sinistre, la meute des ripoux
Sans aucune empathie, toujours concupiscente,
Ripaillant, dévorant, tous les bœufs qu'on engraisse,
Se gausse en atteignant la place des édiles.
Et les serfs courroucés se détournent en vain.
Les urnes désertées ? Ridicule sentence.
Un horizon chargé de néfastes augures
Frappera à nos portes, ambigu, interlope.
Une lame de fond, mascaret Jacobin
Devra se révéler, entrer en résistance.
Pour montrer le chemin d'un possible futur
Et secouer la léthargie des escalopes.
Nina Padilha © 27/3/2010
Tous les matins
Levée potron-minet, sur mon ordinateur,
Je consulte, fébrile, les dernières nouvelles.
Les infos sont terribles et me rendent malade.
Les vidéos reçues exposent la détresse,
De terres sous les eaux, de cadavres qui flottent,
De maisons dévastées et l’hiver qui arrive…
Un peu lanceur d’alerte, journaliste amateur,
Je trie et je traduis le marasme actuel
Parce que les médias racontent des salades.
Fière de mon pays, pour ceux qui me connaissent
Je suis porte-parole, la voix des Patriotes
Tout un peuple brimé qui part à la dérive.
Et tant que sévira l’inique dictateur
Que certains, en secret, tireront des ficelles,
Il y aura abus, poursuites et brimades.
Tant que les dirigeants seront de cette espèce
Et que la liberté portera des menottes,
La paix, pour le Brésil, ne sera effective.
Nina Padilha © 14/05/24
Le vent de février
Janus ouvre la porte au vent de février
Qui inquiète ma plume, agite l’encrier.
La France paysanne, dans le bruit des moteurs
Exprime sa colère et roulent les tracteurs.
J’écoute le silence : pas un bruit dans la ville.
Le vol habituel des goélands tranquilles,
Dans un ciel dégagé où les ombres du soir
Lentement se déploient. Il fera bientôt noir.
Somnolent les bourgeons déhiscents de mes plantes,
Quelques gamins pressés, le voisin qui plaisante…
Ni fureur ni clameurs. Tout est calme, serein.
Pourtant la toile explose et l’alerte est mondiale.
L’échéance a sonné ; le verdict est glacial,
Maintenant officiel : le début de la fin.
Nina Padilha © 31/01/24
Terza rima
Un jour, déboussolés, aux confins de ce monde,
Sont venus assouvir leur morgue carnassière
Les terribles guerriers à la fureur immonde.
Les terres désolées, aveuglées de poussière,
Où le feu de leurs armes avait semé la mort,
Résonnaient des échos d'une effroyable guerre
Qui ne contentait plus l'ignoble Imperator ;
Qui n'en finissait pas de rayer de la carte
Villages et hameaux qui florissaient alors.
Dans les salons feutrés, contrairement aux Spartes,
La cohorte imbécile des plénipotentiaires
Refuse d'engager un conflit qu'elle écarte.
L'insignifiant Lambda, préposé aux affaires,
Hurla qu'il fallait bien supprimer le despote,
Arrêter les massacres avec des militaires !
Car plus assourdissant qu'un certain bruit de bottes
Vrombit le rugissant silence des pantoufles.
Pour aussi nécessaires que soient les parlotes
Agir est préférable à des propos mistoufles…
Nina Padilha © 03/10/2010
Pure fiction. Quoi que…
Ce poème est composé de tercets en alexandrins (dont le nombre n'est pas déterminé). Le second vers de chaque tercet rime avec le premier et le troisième vers du tercet suivant. Le poème se termine par un seul vers qui rime avec le deuxième vers du dernier tercet. La rime du premier et du dernier vers n'ont donc que deux échos alors que la rime de tous les autres en a trois.
Structure de la « terza rima » : ABA - BCB - CDC - DED - EFE - FGF - GHG - HIH – I
Automne embrasé
Ce texte date. Mais la colère a décuplé pour d'autres raisons.
Cette fois les gens commencent à ouvrir des yeux et, petit à petit, sortent de la caverne de Platon.
Ça va swinguer sévère !
Souffle en fortes rafales, dans les rues et les bourgs,
Une immense colère qui embrase l'automne.
Mais le gouvernement reste têtu et sourd
Aux appels incessants qui réclament et qui tonnent.
Et sans pitié, tombe la pluie sur les cortèges
Qui défilent en hissant de rouges calicots,
Interpellant le dirigeant et ses stratèges,
Réprouvés et honnis des leaders syndicaux.
Que l'hiver sera rude ! Des matraques de haine
Surgissent aux carrefours où hurlent les sirènes.
Et papy se souvient de sa folle jeunesse,
Cherchant, sous les pavés, la plage imaginaire,
Auprès des barricades révolutionnaires
D'un Paris incendié par de belles promesses.
Nina Padilha © 17/10/2010