Poésie
Diables bleus
Il me vient en mémoire les couleurs, les essences
De fleurs vite fanées du mal de ton absence.
J'aurais écrit longtemps pour damner mes chimères ;
Que jaillisse l'espoir, que frissonne la mer…
Je recherche encore, les douceurs passagères
Des printemps d'autrefois dans les brises légères
Ondulant gentiment, mais sans trop déranger
Les placides maisons aux tuiles orangées.
Pour avoir trop chanté, je préfère me taire
Et laisser la musique exister, solitaire,
Occuper le silence : ma voix n'est plus de taille
A dompter et tenir mes chevaux de bataille.
J'aimerais retrouver, dans les rêves lointains
Perdus dans les aurores embrasant les matins,
L'étincelle ténue des flammes absolues
Que mille diables bleus ne me promettent plus.
Nina Padilha © 04/08/2013
Soudain, le silence
La lune crasse et ronde
Me prive de sommeil.
Les clameurs du Brésil,
Les nouvelles du monde…
Absence du soleil
Et mon cœur en exil…
Un silence soudain
Accueillant, enhardi,
Une plume têtue
Un quatrain anodin…
Demain, déjà lundi.
Les clameurs se sont tues.
Nina Padilha © 26/02/24
Reine des reines
Tu portes tant de noms mais je te reconnais
Ton destin messianique explosera bientôt.
Toi qui pendant longtemps resta incognito
Te voilà de retour, libérée des harnais
Des ombres scélérates, érigeant des barrières.
Et tu resplendiras, délivrée de l’étau,
Brandissant la justice en divine guerrière.
L’éternel féminin, pour les hommes surpris
Dans un patriarcat qu’ils croyaient leur esprit.
Toute l’humanité adorant ta lumière.
Nina Padilha © 09/02/24
Loin de moi
Esseulée, isolée, je garde le contact
Avec deux, trois personnes qui m’ont en affection.
Les autres, pensez-vous, dans cette dimension,
Continuent leur chemin et j’en ai bien pris acte.
J’ai refusé le joug de ces coupes réglées
Et par indifférence ou bien manque de tact
L’approche de certains se fait vite épingler.
Continuez à douter mais et restez loin de moi.
A moins d’être éveillés je me dis que, parfois,
Ma lumière divine pourrait vous aveugler.
Nina Padilha © 04/02/24
Retour de ma plume
J’étais sur la terrasse, savourant mon café
Quand soudain je l’ai vue, craintive, décoiffée,
Arborant un sourire se voulant aguicheur.
Te voilà de retour ! J’étais interloquée.
Mais où es-tu partie ? Tu m’as beaucoup manquée,
Je m’ennuyais sans toi, friponne de mon cœur.
Et pour combler ce manque, j’ai relu nos émois,
Des années d’écriture gardées par devers moi,
Serrées dans des cahiers. Reflets de tant de nuits…
Souviens-toi de ces temps où tu dansais, fébrile.
Ton absence, ma plume, douleur indélébile,
M’a fait vivre des heures d’un mortel ennui.
Oui, j’ai beaucoup changé. Comme une renaissance.
J’ai défait bien des liens et gardé la substance
De qui je suis vraiment. Mais la muse demeure
Et parfois, dans un rêve, elle vient me susurrer
Des rimes imparfaites, que j’ose raturer
Car l’envie n’est plus là et le doute m’effleure.
Si tu es de retour… est-ce que tu vas rester ?
Je m’en réjouis, bien sûr ! Tant de choses à conter !
Et j’aperçois déjà des sonnets, des quatrains…
Arrivant de guingois, émus, intimidés.
Heureux de ton retour, tu n’en a pas idée.
Repose-toi un peu. Demain, avec entrain
Nina Padilha © 29/01/24