Poésie
Prière
Vivre et rester debout,
Les yeux au bord des armes,
Désarment abordant Dieu.
Des larmes dérisoires
En lames de rasoir.
Je n’ai pas pu faire mieux ;
Et mes cernes sont parme
Quand mes doigts se dénouent.
Hallali noble et dur,
Implacable sentence,
Déchirement parfait :
La blessure est ouverte.
Si je cours à ma perte
C’est que Dieu a méfait.
Je n’ai que mon silence
Et mon cœur resté pur.
Nina Padilha © 21/12/95
Beaucoup de choses ont changé depuis ce poème.
Je ne suis plus la même.
Heureusement.
Mes fifilles
Mon balcon est fleuri et toutes ces couleurs
Sont un ravissement pour les yeux et le cœur.
Souvent, au petit jour, je viens me ressourcer
Auprès de mes "fifilles" car ainsi surnommées.
Elles offrent leurs corolles au baiser des abeilles,
Attendant, comme moi, la chaleur du soleil.
Je reste admirative, un café à la main,
Devant tant de beauté égayant mes matins.
Ici les géraniums, et là les marguerites,
Les roses trémières et le fidèle arum,
Des œillets, de la menthe et deux pots de sédums…
L'hortensia magnifique et puis la clématite,
Un joyeux basilic et des haricots fins,
Des tomates cerise… C'est un peu mon jardin !
Fleur écrasée
Fleur écrasée
Il y avait ces orages qui cachaient les étoiles
Et la douce moiteur du climat tropical.
Les pluies de février aux reflets argentés,
Le parfum de la terre et de l’herbe mouillées.
Il y avait ces nuits blanches fleurant le tabac blond
Et les jours étouffant sous un soleil de plomb.
Des relents de musique accrochés à nos rêves,
L’écume d’océan qui mourrait sur la grève.
Il y avait ce motel caché sous les palmiers,
Le chant des sabiás et des pigeons ramiers.
Ses gestes malhabiles qui découvraient mon corps,
Ce feu qui consumait et qui me brûle encore.
Il me reste l’envie de sa main dans la mienne
Et l’écho de sa voix derrière chaque migraine.
L’ébauche d’un sourire, son regard gris et bleu,
Et, surtout, la lumière qu’il m’a laissée aux yeux.
Nina Padilha © 25/5/93
Pour ceux qui croient que je n'ai jamais écrit de poèmes d'amour...
Et voici février
Janus ferme ses portes. Et voici février
Dans le suivi des jours de l'année balbutiante.
Mes émotions s'attisent, puisées dans l'encrier
Où barbotent des vers aux couleurs coruscantes.
La fraîcheur des matins aux aurores d'opale
Et les nuages gris qui ouatent l'horizon
Pourraient plomber l'humeur ou saper le moral…
Mais je sais que, demain, la valse des saisons,
Me rendra le soleil pour dorloter mes fleurs
Illuminer l'azur, étinceler les plages…
Mon cœur est guilleret sachant que tout à l'heure
L'éclaircie annoncée fera mon paysage
Beaucoup plus enjoué: arrive le beau temps !
Ma plume, ranimée, par ce jovial augure,
Danse entre mes doigts et chante le printemps.
Me voici enchantée, faisant bonne figure !
Nina Padilha © 01/02/2014
Saisons
Printemps
Quand souffleront les vents venus de l'océan,
Chantera l'alouette et la mésange bleue.
Je rangerai l'écharpe et le manteau moelleux
J'ouvrirai au printemps qui entrera céans.
Été
Quand souffleront les vents remontant du Hoggar,
Je parlerai du froid, que nous donne l'hiver,
En cultivant des lys et des roses trémières.
Sur le balcon charmant qui a tous mes regards.
Automne
Quand souffleront les vents qui naissent au levant,
Les labours seront faits sur la terre de France.
Je verrai la nature préparer la dormance
Et l'hirondelle fuir sous des cieux estivants.
Hiver
Quand souffleront les vents mandés par Saami*
Gèlera le ruisseau et durcira la terre.
Je me réchaufferai auprès d'un feu ami
Et ses flammes hardies éloigneront l'hiver.
Nina Padilha © 12/06/2011