Agde - poésies
Jimmy s’est envolé
Au bord de l’équinoxe, un timide soleil
A baigné ma terrasse et réchauffé ses ailes.
Les appels du printemps, trouver une femelle,
Ont été les plus forts. Ce matin, au réveil
Jimmy s’est envolé. Je l’avais pressenti
Car, en méditation, il est venu me voir
En sautant sur la table et puis il est parti.
Mais il m’a saluée. La fin de notre histoire.
Tout au long des semaines, il était resté là.
Ma mémoire eidétique et les quelques photos
Sont tout ce qui me reste. Le cœur dans un étau,
Je cède à la nature, au vide que voilà.
Cri du cœur verrouillé, j’envoie beaucoup d’amour
A ce criquet gentil qui va vivre sa vie.
Fais attention à toi ! Prend garde à ta survie.
Merci de ta confiance. Merci pour ton séjour.
La mémoire eidétique ou mémoire absolue, est la faculté de se souvenir d'une grande quantité d'images, de sons, ou d'objets dans leurs moindres détails.
Nina Padilha © 19/03/24
Après la tempête
L’ombre du bas astral obérant mon amour.
Mais disproportionné fut le violent retour.
Mon humeur altérée, mon sang n’a fait qu’un tour !
La colère exprimée pour la règle terrible.
Le silence soudain, l’amie indisponible
Et l’incompréhension du CD inaudible.
Jimmy miraculé, c’est une joie non feinte.
Le serpent est parti mais la voix est éteinte.
Pourtant le vent mauvais a emporté mes plaintes.
Je vais me libérer du poids de la matrice
Tout en gardant à vie l’horrible cicatrice.
Ma douceur inflammable ne peut être factice.
Nina Padilha © 15/03/24
Un an de plus
Le Marin s’époumone, déchiquette les stores.
Où est passé Jimmy ? Caché dans une plante ?
Celles qui n’ont pas chu, qui conservent encore
Leur feuillage vernal, leurs pousses abondantes…
Sous les assauts du vent des vers se sont brisés
Et ma plume attristée ramasse les débris
De rimes désolées, maintenant épuisées.
Il fait froid, au dehors. Mon humeur assombrie
Rumine sans pouvoir faire la part des choses.
Terrasse dévastée pour mon anniversaire.
Je gère mon cafard, douleurs en overdose.
Demain, un an de plus passé sur cette terre,
Ou bien un an de moins dans ce qui m’est alloué.
Qu’importe l’échéance, ce qui arrivera.
Je lèverai mon verre aux rêves inavoués
Aux désirs et aux vœux, à tout ce qui cherra.
Nina Padilha © 08/03/24
Pénible anniversaire
Une atelle au poignet, une autre à la cheville,
Me voilà mal en point et je suis très colère.
L’accident, cette fois, n’est pas une broutille.
J’avais fait des projets, pour mon anniversaire…
On m’a dit : trop de toile, il te faut décrocher.
L’ire honnie malvenue, aller à l’essentiel…
Voilà en quelques mots ce qui t’est reproché.
Il te faut méditer la punition du ciel.
Méditer ? Difficile. Le mental est violent.
J’ai perdu mon sourire, ma joie, ma bonne humeur.
Si vides sont les jours, ineptes, désolants.
Mon courage s’éteint et mon entrain se meurt.
Procrastiner un peu, me laisser faire la fête
Et après me tancer, aurait un autre sens.
Je dois évoluer, je ne suis pas parfaite,
Mais pourquoi violenter ma modeste existence ?
J’aurais plus apprécié une présence amie
Des conseils avisés et de la bienveillance,
De l’amour en partage et sans économie
Pour fortifier mon âme et ma résilience.
Nina Padilha © 06/03/24
Le miracle Jimmy
A moitié hibernant, à moitié somnolent,
Tu étais à l’abri avec tes grandes pattes
Et nul être malin, pigeon ou goéland,
Ne t’aurait aperçu. Ô convoitise ingrate !
Tu as voulu connaître, l’autre côté su store.
Simple curiosité ? Plus de soleil, peut-être…
Phébus en t’éclairant t’a envoyé la mort ?
Repéré illico, l’oiseau de s’en repaître ?
Miracle, fausse alerte : tu es toujours présent.
Enfin, je te distingue, un peu à contre-jour.
Tu es là, mon Jimmy. Les doutes sont usants.
Reste bien camouflé. Ici, que de l’amour.
Nina Padilha © 02/03/24