Agde - poésies
Complainte de l'huître
Dans le bassin de Thau, j'étais simple naissain
Balloté par les flots, j'ignorais les desseins
De ceux qui, bien souvent, venaient me visiter,
Admirer ma croissance et s'en féliciter.
Ma vie était tranquille et, plongé dans ces ondes,
J'ai grossi à vue d'œil, fortifiant ma coquille.
Je suis devenu huître, en ces eaux peu profondes,
Qui abritait mes rêves et ceux de ma famille.
Une rumeur, pourtant, venait nous alerter,
Qui parlait de razzia et de quoi s'inquiéter :
Notre berceau liquide était sous surveillance,
Négoce lucratif, fraîcheur et succulence.
Car les humains seraient friands de coquillages,
Nous auraient parquées là, juste pour les servir
Et l'ostréiculture n'était qu'un élevage :
A la fin de l'année, nous allions tous périr.
Serrées dans des bourriches, déposées sur la glace,
Nous sommes emportées vers l'appétit vorace
De ceux qui nous couvaient. Nos vies sont en danger :
Avec d'autres consœurs, je vais être mangée !
Nina Padilha © 03/12/2012
Aubes d'hiver
Le ciel de ces jours-ci, toujours emmitouflé
Dans de grosses nuées que le vent a soufflées,
A engourdi ma plume et lesté ma mémoire.
Je serre mes écrits pour encor' un grimoire
Où je note des vers, titubants de fatigue,
Quand l'aurore jaillit dénonçant les intrigues
D'un Morphée facétieux qui écourte mes songes.
Quel sera mon repos dans les jours qui s'allongent ?
Quand Yule s'en viendra, au solstice d'hiver,
Mon cœur, au ralenti, biaisera ces revers
En captant, librement, l'incroyable lumière.
La vie au quotidien déroulant ses possibles
Attifés de soleil, aux fraîcheurs indicibles,
Gracieusement s'éclaire dans ces heures premières.
Nina Padilha © 04/12/2013
Dans le vent...
Narines dilatées, j'ai fait face aux rafales
Comme font les chevaux, quand souffle la tempête.
J'ai respiré la mer
Qui lâchait ses embruns depuis le littoral
Et soudain j'ai envié la liberté des mouettes,
Leurs ailes de lumière…
Et le vent me giflait, décoiffait mes cheveux ;
Je humais son parfum, avec le cœur battant.
Ce petit goût de sel.
Au bord de l'infini, j'ai pu toucher les cieux,
Ouatés et chahutés par l'humide printemps
Dénué d'arc en ciel.
Un long moment d'ivresse, étrange plénitude,
Grisantes sensations qui animaient mon cœur :
Un avatar d'orage
Où des anges riants perdaient de l'altitude
Et venaient me convier à entrer dans un chœur
Mystique et sauvage.
Nina Padilha © 01/05/2012
Crépuscule rose
Étendue de satin, clapotis de novembre,
La plage désertée.
Nuages éthérés, les vagues qui se cambrent
Entourant la jetée.
Dorment les coquillages, sur le sable, bercés
De litanies de nacre ;
Mais le baiser salé des embruns est glacé.
Et je verrai le sacre
De l'hiver annoncé qui, lentement s'avance ;
Qui engourdit ma plume et m'inspire ces stances ;
La muse m'interpelle.
Dans le jour finissant, le soir se vêt de rose
L'astre majeur s'en va et la mer se repose :
Un tableau irréel…
Nina Padilha © 01/11/2012
Marsupilami
Oh ! Punaise ! Galère ! Je n’avais pas de pot.
Tant de hideux ocelles et de démangeaisons.
Ces stigmates soudains qui constellaient ma peau…
Mais loin d’imaginer les causes et les raisons.
Leurrée par des toubibs in fine je m’adresse
Au seul professionnel qui saura m’expliquer
Quel mystère transforme l’épiderme en détresse,
En Marsupilami terriblement piqué.
J’enfilais les nuits blanches, je manquais d’appétit.
Enfin un traitement qui, petit à petit,
Soulage et cicatrise. J’attends les résultats
Des examens requis. Et j’aurais le fin mot
De ce qui m’a causé tant de stress et de maux.
Mais je vais beaucoup mieux. Le réjouissant constat !
Nina Padilha © 27/10/24