Mont Saint Loup
Que racontent les pierres aux vagues empressées ?
Peut-être le chaos d'un volcan endormi :
Des forges de Vulcain, maintenant refroidies ;
Un brasier minéral, tragédie effacée,
Quand le mont, éructant sa chaleur diabolique,
Vomissait ses entrailles. La lande caillassée
Croulait sous le basalte, les cendres bénéfiques
Sous le regard blasé d'un ciel incandescent.
Et les flots bouillonnant de lave, impuissants,
D'écume recouvraient le magma volcanique.
Nina Padilha © 28/06/2014
Mes fifilles
Mon balcon est fleuri et toutes ces couleurs
Sont un ravissement pour les yeux et le cœur.
Souvent, au petit jour, je viens me ressourcer
Auprès de mes "fifilles" car ainsi surnommées.
Elles offrent leurs corolles au baiser des abeilles,
Attendant, comme moi, la chaleur du soleil.
Je reste admirative, un café à la main,
Devant tant de beauté égayant mes matins.
Ici les géraniums, et là les marguerites,
Les roses trémières et le fidèle arum,
Des œillets, de la menthe et deux pots de sédums…
L'hortensia magnifique et puis la clématite,
Un joyeux basilic et des haricots fins,
Des tomates cerise… C'est un peu mon jardin !
Du balcon aux tisons
Je ne prête pas d'attention
Aux heures qui, doucement, passent.
J'écris des mots sans prétention
Où je traine sur la terrasse…
Le seul qui a tous mes regards
C'est bien ce sacré thermomètre !
Cette saison est trop bizarre :
Le printemps ne veut pas paraître !
Il s'est, sûrement, égaré
Au point vernal de l'équinoxe
Et n'a pas su se repérer…
D'où cet étrange paradoxe :
Le mois de mars presque fini
Voit la fraîcheur qui s'éternise.
Persistent les frimas honnis
Éole n'offre que la bise.
Pourtant les oiseaux migrateurs
Sont revenus pour nidifier
Et les bourgeons sont prometteurs…
Les prévisions sont modifiées ?
Décembre aux jours si aimables…
Les dictons ont parfois raison !
Si le solstice est charitable
Ostara donne des tisons.
Nina Padilha © 31/03/2013
Fleur écrasée
Fleur écrasée
Il y avait ces orages qui cachaient les étoiles
Et la douce moiteur du climat tropical.
Les pluies de février aux reflets argentés,
Le parfum de la terre et de l’herbe mouillées.
Il y avait ces nuits blanches fleurant le tabac blond
Et les jours étouffant sous un soleil de plomb.
Des relents de musique accrochés à nos rêves,
L’écume d’océan qui mourrait sur la grève.
Il y avait ce motel caché sous les palmiers,
Le chant des sabiás et des pigeons ramiers.
Ses gestes malhabiles qui découvraient mon corps,
Ce feu qui consumait et qui me brûle encore.
Il me reste l’envie de sa main dans la mienne
Et l’écho de sa voix derrière chaque migraine.
L’ébauche d’un sourire, son regard gris et bleu,
Et, surtout, la lumière qu’il m’a laissée aux yeux.
Nina Padilha © 25/5/93
Pour ceux qui croient que je n'ai jamais écrit de poèmes d'amour...
Et voici février
Janus ferme ses portes. Et voici février
Dans le suivi des jours de l'année balbutiante.
Mes émotions s'attisent, puisées dans l'encrier
Où barbotent des vers aux couleurs coruscantes.
La fraîcheur des matins aux aurores d'opale
Et les nuages gris qui ouatent l'horizon
Pourraient plomber l'humeur ou saper le moral…
Mais je sais que, demain, la valse des saisons,
Me rendra le soleil pour dorloter mes fleurs
Illuminer l'azur, étinceler les plages…
Mon cœur est guilleret sachant que tout à l'heure
L'éclaircie annoncée fera mon paysage
Beaucoup plus enjoué: arrive le beau temps !
Ma plume, ranimée, par ce jovial augure,
Danse entre mes doigts et chante le printemps.
Me voici enchantée, faisant bonne figure !
Nina Padilha © 01/02/2014