Les ombres malines
Je me souviens de nuits calfeutrées de silence
Où mes vers obérés de bourbon-nicotine
Jaillissaient en écho à des souvenirs rances.
Que n’ai-je gribouillé sur du papier-machine !
J’avais le verbe clair et la plume fertile,
Fusaient mille pensées en clairs alexandrins.
Écrasée de fatigue, je m’endormais, fragile.
Découvrant, au matin, mes écrits malandrins
J’étais fière de moi, étonnée et ravie
De lire tant de stances vomies dans la pénombre.
Écrire était pour moi mon souffle, ma survie.
Puis tout a basculé quand ont surgi les ombres.
Elles ont envahi mon espace tranquille.
Saturé, calciné, mes moindres habitudes.
J’ai perdu mes repères soufflés comme broutilles,
Ma plume et ma voix, toutes mes certitudes.
Quand le malin s’invite parés de ses atours,
L’âme, qui ne voit pas ses intentions minables,
Ne sait se dépêtrer et déjouer ses tours.
La chute dans l’abyme est lors inévitable.
Les années ont passé dans le brouillard sensible
D’une lutte constante pour me reconstruire.
J’ai redoublé d’efforts en faisant l’impossible
Pour remonter la pente sans me laisser séduire.
Je reste malgré tout un cœur écorché vif.
Alors ne soyez pas ébahis de me voir
Réagir promptement, découper au canif
Tout acte incompris quitte à vous décevoir.
Ma victoire ténue serait-elle éphémère ?
Il me semble parfois voir des ombres passer…
La souffrance surgit comme un rappel amer.
Ne me calomniez pas. Je suis encore blessée…
Nina Padilha © 18/05/23
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