Simples besoins
Malaxer le terreau et admirer les fleurs,
Paresser quelque peu dans l'antre végétal.
Primordial lâcher-prise, thérapie de couleurs
Apaisant le chaos souillant le pariétal.
Besoin de vert.
Décorer mon théâtre sans tringles de secours.
Reflets côté jardin, émois du côté cour.
Sentiments calcinés de transports immobiles
Et baisser le rideau sur des pensées débiles.
Besoin d'un verre.
Bercer mes songes dans la lavande des draps
En laissant le silence dénouer l'écriture.
Poser, sur mes blessures, tous ces mots sparadraps :
De stériles vocables comme points de suture.
Besoin de vers.
Biaiser les souvenirs, les laisser dans le vague
Parce que bien trop lourds ou bien trop contondants.
Délester les chagrins, abandonner aux vagues
Ces acquis superflus ces troubles redondants
Besoin de mer.
Nina Padilha © 03/04/2014
Encore un dimanche
Je garde en ma mémoire un dimanche pascal :
La grisaille et la pluie pour un temps automnal.
Éole déchainé qui hurle et continue
De souffler tout son saoul, de chahuter les nues.
Mars enfin terminé déguerpit sous le vent.
Je cherche le soleil paraissant au levant
L’année qui se poursuit nous introduit avril
Aux promptes giboulées dégoulinant des tuiles.
Défilent les semaines, trépassent les saisons…
Avec beaucoup d’espoir je scrute l’horizon
En guettant le retour les jolies hirondelles…
Je m’ennuie de Phébus, ma poésie s’enlise.
Ma plume se désole en sonnet qui se grise
De rimes idéelles, fugaces, essentielles.
Nina Padilha © 07/04/24
Nuits difficiles
Mon lit est un fouillis de coton chiffonné
Avec des oreillers plein de rêves cryptés.
Je m’y glisse, lassée, d’une pauvre journée
De grisaille et de vent. Un printemps chahuté.
.
Des images d’ailleurs qui me sont familières
S’infiltrent par moments, comme un rappel têtu.
Et en fermant les yeux, évitant leur lumière,
J’appelle le sommeil qu’un Morphée sans vertu
Me jette à la figure en se fichant de moi.
La housse tourmentée, la couette de guingois
Et le drap bouchonné qui me colle à la peau…
Enfin je sombrerai vaincue, de guerre lasse,
Dans un coma stérile que le matin agace
Où je me lèverai sans avoir de repos.
Nina Padilha © 29/03/24
Entre Imbolc et Ostara
La beauté de ce gris dont se parent les nues
Et cette pluie d'argent, à peine retenue,
Donnent une impression de tristesse boudeuse
Rampant sur les pavés de poésie frileuse.
Mais l'hiver, nonobstant, prépare ses bagages
Et s'en va, doucement, hanter d'autres rivages.
J'ai honoré Phébus, rayonnant, ce matin.
Les fêtes Lupercales, près du Mont Palatin
Vénéraient la nature, le renouveau vernal
Précédant la torpeur des journées estivales.
Ainsi vont les saisons sous les cieux impassibles.
Pour mon anniversaire, une joie indicible :
Succédant à Imbolc, Ostara attendue
Couronnera Gaïa, au souffle suspendu,
Nos cœurs se réjouiront de mille fleurs nouvelles
Et mars chantera le retour des hirondelles !
Nina Padilha © 25/01/2013
Jimmy s’est envolé
Au bord de l’équinoxe, un timide soleil
A baigné ma terrasse et réchauffé ses ailes.
Les appels du printemps, trouver une femelle,
Ont été les plus forts. Ce matin, au réveil
Jimmy s’est envolé. Je l’avais pressenti
Car, en méditation, il est venu me voir
En sautant sur la table et puis il est parti.
Mais il m’a saluée. La fin de notre histoire.
Tout au long des semaines, il était resté là.
Ma mémoire eidétique et les quelques photos
Sont tout ce qui me reste. Le cœur dans un étau,
Je cède à la nature, au vide que voilà.
Cri du cœur verrouillé, j’envoie beaucoup d’amour
A ce criquet gentil qui va vivre sa vie.
Fais attention à toi ! Prend garde à ta survie.
Merci de ta confiance. Merci pour ton séjour.
La mémoire eidétique ou mémoire absolue, est la faculté de se souvenir d'une grande quantité d'images, de sons, ou d'objets dans leurs moindres détails.
Nina Padilha © 19/03/24