Agde - poésies
Encore un dimanche
Je garde en ma mémoire un dimanche pascal :
La grisaille et la pluie pour un temps automnal.
Éole déchainé qui hurle et continue
De souffler tout son saoul, de chahuter les nues.
Mars enfin terminé déguerpit sous le vent.
Je cherche le soleil paraissant au levant
L’année qui se poursuit nous introduit avril
Aux promptes giboulées dégoulinant des tuiles.
Défilent les semaines, trépassent les saisons…
Avec beaucoup d’espoir je scrute l’horizon
En guettant le retour les jolies hirondelles…
Je m’ennuie de Phébus, ma poésie s’enlise.
Ma plume se désole en sonnet qui se grise
De rimes idéelles, fugaces, essentielles.
Nina Padilha © 07/04/24
Nuits difficiles
Mon lit est un fouillis de coton chiffonné
Avec des oreillers plein de rêves cryptés.
Je m’y glisse, lassée, d’une pauvre journée
De grisaille et de vent. Un printemps chahuté.
.
Des images d’ailleurs qui me sont familières
S’infiltrent par moments, comme un rappel têtu.
Et en fermant les yeux, évitant leur lumière,
J’appelle le sommeil qu’un Morphée sans vertu
Me jette à la figure en se fichant de moi.
La housse tourmentée, la couette de guingois
Et le drap bouchonné qui me colle à la peau…
Enfin je sombrerai vaincue, de guerre lasse,
Dans un coma stérile que le matin agace
Où je me lèverai sans avoir de repos.
Nina Padilha © 29/03/24
Jimmy s’est envolé
Au bord de l’équinoxe, un timide soleil
A baigné ma terrasse et réchauffé ses ailes.
Les appels du printemps, trouver une femelle,
Ont été les plus forts. Ce matin, au réveil
Jimmy s’est envolé. Je l’avais pressenti
Car, en méditation, il est venu me voir
En sautant sur la table et puis il est parti.
Mais il m’a saluée. La fin de notre histoire.
Tout au long des semaines, il était resté là.
Ma mémoire eidétique et les quelques photos
Sont tout ce qui me reste. Le cœur dans un étau,
Je cède à la nature, au vide que voilà.
Cri du cœur verrouillé, j’envoie beaucoup d’amour
A ce criquet gentil qui va vivre sa vie.
Fais attention à toi ! Prend garde à ta survie.
Merci de ta confiance. Merci pour ton séjour.
La mémoire eidétique ou mémoire absolue, est la faculté de se souvenir d'une grande quantité d'images, de sons, ou d'objets dans leurs moindres détails.
Nina Padilha © 19/03/24
Après la tempête
L’ombre du bas astral obérant mon amour.
Mais disproportionné fut le violent retour.
Mon humeur altérée, mon sang n’a fait qu’un tour !
La colère exprimée pour la règle terrible.
Le silence soudain, l’amie indisponible
Et l’incompréhension du CD inaudible.
Jimmy miraculé, c’est une joie non feinte.
Le serpent est parti mais la voix est éteinte.
Pourtant le vent mauvais a emporté mes plaintes.
Je vais me libérer du poids de la matrice
Tout en gardant à vie l’horrible cicatrice.
Ma douceur inflammable ne peut être factice.
Nina Padilha © 15/03/24
Un an de plus
Le Marin s’époumone, déchiquette les stores.
Où est passé Jimmy ? Caché dans une plante ?
Celles qui n’ont pas chu, qui conservent encore
Leur feuillage vernal, leurs pousses abondantes…
Sous les assauts du vent des vers se sont brisés
Et ma plume attristée ramasse les débris
De rimes désolées, maintenant épuisées.
Il fait froid, au dehors. Mon humeur assombrie
Rumine sans pouvoir faire la part des choses.
Terrasse dévastée pour mon anniversaire.
Je gère mon cafard, douleurs en overdose.
Demain, un an de plus passé sur cette terre,
Ou bien un an de moins dans ce qui m’est alloué.
Qu’importe l’échéance, ce qui arrivera.
Je lèverai mon verre aux rêves inavoués
Aux désirs et aux vœux, à tout ce qui cherra.
Nina Padilha © 08/03/24